La Passerelle

Connaissez-vous la gare ?

Le 20 octobre 1884, le ministre des travaux publics visitait le chantier d’Amiens à Fouencamps ; en mai 1885 une voie unique reliait Amiens à Clermont. Cependant, l’implantation des haltes était largement conditionnée par la nature des terrains sur lesquels reposaient les rails, le franchissement des marais tourbeux d’Amiens, des sols marécageux de Boves et Fouencamps, des coteaux d’Ailly, ce qui fit dire au poète, regrettant l’abattage des arbres à l’entrée d’Ailly :

Des autres de vulcain en grondant élancé

Le souffle industriel sur vos fronts a passé

Et pareil à ces vents qui portent les orages

A dans son vol de feu dévoré vos ombrages

Académie d’Amiens 1845-Berville

Si l’établissement des villages était la conséquence directe de la proximité des routes implantées et des points d’eau utilisable tant comme boisson que comme énergie, l’arrivée du chemin de fer déplaça les villages comme à Boves, la Faloise et Breteuil.

Mais le dimanche 15 février 1846, le premier essai du trajet Paris-Amiens se déroulait et pour la première fois, un remorqueur (locomotive), un tender et un wagon-diligence passaient à Ailly-sur-Noye.

Parti vers huit heures de Paris, le convoi arrivait à Amiens Vers dix-sept heures, après avoir fait quinze arrêts pendant le trajet de 147 kilomètres.

C’était une révolution ! Surtout, si l’on compare avec les temps réalisés en 1993, (environ une heure) mais il est vrai, aussi, que les trains ne s’arrêtent plus (ou presque plus). Début mai 1886, un convoi empruntait la même ligne jusqu’à Lille.

Le 13 juin 1886, les ducs de Nemours et de Montpensier, fils du roi louis Philippe, se rendent à Amiens pour les fêtes et le lendemain 14 juin, M.de Rothschild, administrateur de la compagnie du Nord, et M. Pereire, créateur de la voie, inauguré officiellement la ligne Paris-Amiens.

Le 26 juin 1846 le service est ouvert aux voyageurs à raison de quatre trains par jour.

Ainsi disparaissaient à la fois une profession, les cochers et toutes l’infrastructure environnante (le relais de postes d’Ailly) et les chevaux, production importante de la région à cette époque.

La gare d’Ailly devient un centre d’activités important. Ce qu’on appelait, la « petite vitesse », vaste cour de chargement et de déchargement de marchandises, était raccordé par des aiguillages indirects pour éviter les erreurs. Le poste d’aiguillage était édifié dans l’enclave SNCF, à proximité de la gare, sur le quai de départ Amiens et sur le côté gauche de la rue d’Amour, juste à coté de l’ancien passage à niveau, supprimés par la Compagnie du Nord après divers accidents.

C’est seulement en 1979 que les entrées directes ont été placées, avec un contrôle électrique des trajets à partir de la gare, ce qui entraîne la destruction du bâtiment et la suppression des leviers à main.

Plus tard, les aiguillages sont directement télécommandés de Longueau ; il n’y a plus besoin de personnel pour diriger et effectuer les manœuvres, les billets sont délivrés sur machine automatiques. La gare est fermée en 1989. La petite vitesse a, elle aussi, son histoire. Elle a été très utilisée à chaque guerre : 1870, 1914, 1939, pour les transport de troupes et de matériel.    

 

Extrait du livre « Histoire d’Ailly sur Noye » de Francois Poulain